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Diabète gestationnel : quels conseils pour les femmes concernées ?

le 15/11/2024

Le diabète gestationnel touche plus de 16 % des femmes enceintes en France. Ce trouble relativement courant, qui apparaît pendant la grossesse, nécessite une prise en charge spécifique. Dans la majorité des cas, il est temporaire et peut être bien maîtrisé avec un suivi adapté et quelques ajustements dans le quotidien.

Femme enceinte en train de déjeuner
Diabète gestationnel : quels conseils pour une meilleure alimentation ?

Le Dr Angie Nithart, gynécologue-obstétricienne au sein d’une maternité Ramsay Santé, répond à nos questions pour mieux comprendre cette pathologie et partage quelques conseils à destination des femmes concernées.

 

Qu’est-ce que le diabète gestationnel ?

Le diabète gestationnel, ou diabète de grossesse, se traduit par une intolérance au glucose. Cette anomalie est généralement transitoire : l’augmentation de la glycémie apparaît pendant la grossesse et disparaît après l’accouchement. Il est donc important de différencier ce type de diabète très spécifique de celui préexistant à la grossesse (qu’il s’agisse d’un diabète de type 1 ou 2), qui, lui, est chronique.

 

Comment est-il diagnostiqué ? À quel moment de la grossesse doit-on faire les tests de dépistage ?

Le dépistage doit être réalisé entre la 24e et la 28e semaine d’aménorrhée, via un test de charge en glucose ou test d’hyperglycémie provoquée par voie orale (HPGO). Concrètement, la femme enceinte se rend au laboratoire à jeun, depuis 10 à 12 heures. Une première prise de sang est effectuée à son arrivée. Elle doit ensuite ingérer un sirop contenant 75 g de glucose. Une deuxième prise de sang est effectuée une heure après, puis une troisième, deux heures après. Il faut donc compter entre 2 et 3 heures de présence au laboratoire.  Ce test a pour vocation de mesurer la glycémie afin d’analyser la réaction du pancréas face à la charge en glucose. Une seule valeur de glycémie sur les trois égale ou supérieure aux seuils définis suffit pour diagnostiquer un diabète gestationnel.

Un autre test existe pour dépister le diabète gestationnel : la mesure de la glycémie à jeun. Moins sensible que le test au glucose, il permet toutefois de détecter de façon anticipée certains diabètes gestationnels. Généralement réalisé lors du premier trimestre, il est souvent complété par le test au glucose dans un second temps, si les résultats sont en dehors des seuils ou si la femme enceinte est concernée par un ou plusieurs facteurs de risques.   

 

Quels sont les facteurs de risques ?

Il existe différents facteurs qui augmentent le risque de développer un diabète de grossesse chez la femme enceinte :

  • Si elle est âgée de plus de 35 ans
  • Un indice de masse corporelle (IMC) en début de grossesse supérieur à 25 kg/m2
  • Un antécédent de diabète de type 2 chez l’un de ses parents de premiers degrés (mère, père ou frères et sœurs)
  • Si elle a déjà eu un diabète gestationnel lors d’une précédente grossesse
  • Des antécédents de macrosomie fœtale, qui est une condition médicale caractérisée par un poids de naissance élevé chez le nouveau-né (globalement considérée à partir de 4 kg, mais le calcul est plus complexe)

     

Existe-t-il des mesures préventives ?

Les mesures préventives que nous conseillons sont des mesures hygiéno-diététiques. Cela consiste en particulier à varier et équilibrer l’alimentation, avec une réduction importante des sucres rapides. L’exercice physique est également très conseillé, car c’est un excellent régulateur de la glycémie.

 

Quels sont les symptômes du diabète gestationnel ? Quels sont les risques pour la mère et pour l’enfant pendant et après la grossesse ?

Contrairement à un diabète stricto sensu, le diabète gestationnel n’implique aucun symptôme facilement identifiable, mais se caractérise par une intolérance au glucose.

Un diabète de grossesse non équilibré peut avoir des conséquences sur le fœtus. La première complication est la macrosomie : la naissance d’un bébé de poids élevé. Le glucose traversant la barrière placentaire, le fœtus est exposé à cette hyperglycémie et sécrète davantage d’insuline. Il en résulte une répartition anormale des graisses qui peut compliquer l’accouchement. De plus, l’hyperglycémie peut engendrer des complications en affectant son autonomie respiratoire à la naissance.

Du côté de la femme enceinte, bien qu’il n’y ait pas de conséquences immédiates, le diabète gestationnel augmente le risque de développer plus tard une forme classique de diabète, avec des complications potentiellement graves. Toutefois, il est bon de rappeler qu’avec un suivi médical adapté et un équilibrage du diabète de grossesse, l’ensemble de ces risques pour la mère et l’enfant sont considérablement réduits.

 

Quelles sont les différentes possibilités de prise en charge ? Quels conseils donneriez-vous à une femme enceinte concernée par le diabète gestationnel ? 

La prise en charge du diabète gestationnel repose d’abord sur une adaptation du régime alimentaire. Nous recommandons aux patientes de réduire les sucres rapides et de privilégier des glucides de meilleure qualité, comme ceux présents dans les céréales complètes. Ce régime alimentaire est essentiel pour maintenir une glycémie stable tout au long de la journée.

Nous travaillons souvent en collaboration avec des endocrinologues spécialisés dans le diabète de grossesse, ainsi qu’avec des diététiciennes. Notre établissement dispose d’une équipe pluridisciplinaire, composée d’un endocrinologue, de diététiciennes et d’un service d’hospitalisation de jour pour les patientes nécessitant un suivi plus intensif. Cette approche permet de répondre aux besoins spécifiques de chaque patiente, particulièrement dans les cas de diabète gestationnel plus sévère.

L’activité physique régulière est également recommandée, car elle contribue à une meilleure gestion de la glycémie pendant la grossesse, ce qui bénéficie également à l’accouchement et à la période post-partum. En complément de ces mesures d’hygiène de vie, certaines patientes peuvent nécessiter un traitement à l’insuline. Dans ces cas, nous ajustons quotidiennement les doses, en coordination avec l’endocrinologue, pour garantir un suivi optimal.

Enfin, des glycémies capillaires (méthode instantanée qui permet de mesurer le taux de sucre dans le sang via un autopiqueur) six fois par jour, permettent de surveiller l’évolution de la glycémie.

Il est aussi important de rassurer les patientes en leur expliquant qu’avec une prise en charge adaptée, elles peuvent gérer leur diabète efficacement. Nous les encourageons à poser des questions et à s’informer.